vendredi 22 juin 2012

Machu Pichu ou pas ?



Lorsqu’on raconte que l’on est allé au Pérou, la question la plus fréquente que l’on nous pose est :

-« Etes-vous allés au Machu Pichu ? »
-« Non, on est allé à Leoncio Prado. »
-« ? »

Et ça, ça vaut tous les "Machu Pichu" du monde.
Autres questions fréquentes : « Avez-vous vu…, avez-vous visité…. ? » Parfois on répond oui, mais le plus souvent c’est non…



Le touriste c’est celui qui part en vacances sur un temps plutôt court (quoique, on a vu des personnes faire les touristes pendant un an) pour se détendre, pour décompresser. C’est celui qui a envie de voir du pays, qui vaut rentabiliser son trajet en voyant un maximum de choses, visiter, courir à droite à gauche, aller au restaurant, avoir des images pleins la tête, 2 ou 3 anecdotes à raconter, des photos plein l’appareil, ne surtout pas louper ce qu’il y a écrit dans le guide touristique, voir les choses dont tout le monde parle, avoir ses logements réservés, être sûr d’être pris en charge par son tour operateur en cas de problème, c’est celui qui prend son téléphone portable pour râler sur son agence de voyage parce que ça ne s’est pas passé comme sur la brochure, et pour finir, c’est celui qui rentre avec le portemonnaie vide.

        Très rapidement au début du voyage, on n’a plus envie de passer pour des touristes. Il y a peut-être autre chose à vivre…être voyageur…

Le voyageur c’est celui qui veut être nourri par son voyage, être transformé, grandi, se laisser guider par le voyage, être à l’écoute de soi et des autres, sortir des itinéraires prévus. Le voyageur c’est celui qui se demande : « qu’est-ce que je recherche ? Est-ce que cela va me nourrir ? Qu’ai-je à donner ? » Quand il arrive une tuile au voyageur, il se débrouille en demandant de l’aide aux locaux, par exemple en demandant l’hospitalité…c’est souvent la base des plus beaux souvenirs. Quels sont les souvenirs qui resteront à jamais gravés dans les mémoires ? Rencontres, paysages, activités, coups durs, conditions de vie, … ? 
Le voyage se situe surtout dans la démarche, le cheminement. Il consiste en une perte de repère. Développer une ouverture, une curiosité, son sens critique. Rentrer dans un processus créatif de recherche de solution du plus basique au plus complexe. Nous trouvons dans un voyage forcément les questions et les réponses qui correspondent à notre développement personnel, qui nous nourrissent.

Nous sommes partis pour 11 mois de voyage, de  rencontres de l’autre, de découvertes, d’apprentissages…Tout le travail consiste à faire en sorte de ne pas passer pour des touristes ! Et plus dur encore, à ne pas être des touristes parce que malgré tout…

Nous naviguons entre voyageur dans nos têtes et touristes dans les leurs comme nous le rappelle régulièrement le regard, le prix, les attitudes et les paroles des locaux…

        Les hordes de moto taxis nous assiègent ; On nous demande à quel hôtel il faut nous amener…nous ferons le chemin vers le centre-ville à pied, a contrario des locaux qui se déplacent le plus souvent en moto taxi, la différence, c’est qu’eux appellent la moto taxi ; On nous fait acheter des ballons avant de se rendre au village, on se sent un peu comme les riches touristes à qui on peut tout demander sans se poser la question du prix ; On nous parle anglais ; On nous demande des bonbons ou des sous ; On nous appelle gringo ; On veut nous vendre les ananas trois fois leur prix ; On nous appelle « touristes venus faire un projet dans le village » ; « Gringo » m’appelle un mec avec qui je viens de partager quelques bières. Il  m’offre des bananes pour que j’en goûte de différentes sortes. Il me dit que l’important c’est ce qu’on a dans le cœur, pas ce qu’on a dans la tête. « Pourquoi tu m’appelles gringo ? » il me montre ma tête…

         On est quand même des touristes.

       C’est écrit sur nos têtes, sur nos gestes, sur nos vêtements, difficile de faire autrement.
Cuzco, Pérou ; touristes parmi les touristes, on passe du temps à l’hôtel, à retirer des sous, à visiter des boutiques d’artisanat, à acheter, à chercher un ordi, à chercher internet. Aucune rencontre. Après la vie collective, la vie communautaire dans les familles, la ville est parfois la retrouvaille agréable avec la modernité, l’hygiène, le confort, les commodités, une douche chaude, un lit. Mais quand celle-ci est trop touristique, que tous les couchs surfeurs sont guides, que les marchands nous harcellent à chaque coin de rue, ce ne sont plus des retrouvailles mais une corvée.

         Le paradoxe

        Les lieux touristiques c’est chiant parce qu’il y a plein de monde. Ras le bol des hôtels "backpackers" où tout est écrit en anglais. Où tout le monde parle anglais. Mais c’est là aussi que l’on a parfois fait des rencontres sympas avec d’autres français. Toujours des moments agréables pour échanger sur nos voyages, écouter, raconter quelques anecdotes ou bonnes adresses.
Et nous touristes ou voyageurs, y a-t-il une différence aux yeux des baleines ? Ca y est on s’est approché, tranquillement, elles ont avancé, elles ont continué leur chemin. Et paradoxalement je suis frustré. L’humain veut du spectaculaire. Si on sait que l’on peut voir mieux, on veut voir mieux, une sorte de consommation du paysage, de la nature irrésistible. Un moyen de mieux comprendre l’hyper consommation.

        Des voyageurs ou des touristes différents ?

      On reste dans un lieu ; On est invité sans rien demander ; On se sent mieux, un peu chez nous ; On trouve des repères ; On nous offre des bonbons ; On nous dit « hasta lueguito » ; On finit par nous faire payer le même prix que les locaux, on ne veut pas non plus un traitement de faveur, simplement être vu comme les leurs, erreur ? ; On nous dit qu’on est différent des autres touristes ; On nous remercie pour tous ce qu’on apporte ; On nous apprend des plats typiques ; On nous enseigne l’aymara et le quechua ; On nous accepte comme des amis.

Le voyage est un mélange des 2.



Alors il y a le bon et mauvais voyageur :

Le mauvais voyageur : il voyage, il visite, il prend des photos, il se déplace, il regarde, il va sur internet, il fait des rencontres.

Le bon voyageur : il voyage, il visite, il prend des photos, il se déplace, il regarde, il va sur internet, il fait des rencontres.

ça se voit tout de suite!





Les guides de voyage :

Super pratique pour visiter un maximum de truc dans un temps très court, pour ne pas galérer quand on arrive de nuit dans une ville où l’on a besoin de trouver un hôtel. Oui mais finalement très réducteur, un guide c’est le risque de ne jamais sortir des sentiers battus tant il y a de choses à vivre. Sans guide, on demande aux gens, c’est l’occasion de rencontres, d’échanges, de suivre des conseils.



Le guide, c’est nous ! C’est vous !


        
Solène et Kevin